Traitement des fractures diaphysaires du tibia chez le chat : Fixateur externe ou plaque vissée ?
Maître de conférences en chirurgie à l’ENVT
D’après l’article de K.L. Perry et M. Bruce – VCOT 2/2015 p 109.
Le tibia est le deuxième site de fracture des os longs chez le chat derrière le fémur. Il est en revanche associé au plus fort taux de complications, caractérisées par des retards de cicatrisation ou des pseudarthroses. Les facteurs suspectés pour expliquer ce taux de complications sont la qualité de la vascularisation locale, la faible couverture par les tissus mous, un moyen de fixation trop instable ou la présence d’une perte de substance importante ou d’une interposition tissulaire au sein du foyer de fracture.
Les auteurs proposent une étude rétrospective sur 10 ans, pour comparer les taux de complications des fractures diaphysaires du tibia de chats, traités par fixation externe (ESF) ou réduction ouverte et fixation interne (ORIF).
Les complications sont qualifiées de majeures lorsqu’elles nécessitent une reprise chirurgicale, et mineures lorsqu’elles sont gérées spontanément ou médicalement. Les complications septiques faisaient référence à une plaie, un écoulement purulent autour d’une broche, ou la formation d’un abcès ou d’une fistule.
L’étude a porté sur 57 chats victimes d’une fracture du tibia. La répartition des fractures est résumée dans la figure n°1.
Fig. 1: Types et localisations des fractures du tibia.
Les fractures ouvertes représentaient 28% dont la majorité de degré 1 (75%) et 19% de degré 2 et 6% de degré 3.
Les fractures ont été traitées par une fixation externe de différents types (Fig.2) dans 77% des cas et par une plaque vissée dans 23% des cas. Tous les cas ont bénéficié d’une antibiothérapie péri-opératoire.
Sur les 57 chats opérés, 40,4% ont développé des complications:
- 50% des cas traités par fixateur externe se sont compliqués dont 20,5% de complications majeures contre seulement
- 7,7% des cas traités par plaque, exclusivement mineures
Le taux de complications septiques dans le groupe des chats traités par fixateur externe est de 27,2% contre 0% chez les chats traités par plaque.
La complexité du montage (type de fixateur externe) a été associée à un taux de complication plus important.
L’étude statistique a révélé que la comminution du foyer de fracture, les fractures ouvertes et en particulier le degré, et la présence d’un traitement antibiotique post-opératoire, constituaient des facteurs de risque de complication.
Sur les 56 chats suivis, 5 échecs ont été comptabilisés (4 amputations et une euthanasie) appartenant tous au groupe des chats traités par fixation externe. Le taux de non union s’élevait à 14%.
Pour les 51 chats traités avec succès, les chats stabilisés par fixateur externe ont eu un suivi significativement plus long (15,6 semaines) que ceux traités par plaque (9,5 semaines) et ont nécessité en moyenne le double de visites de contrôle. Ce constat pourrait être pris en compte dans l’évaluation du coût relatif entre les 2 techniques.
En bilan, le traitement par fixateur externe est donc associé à un risque de complication 13,7 fois plus grand que le traitement par plaque.
Les principales limites de l’étude résident dans son caractère rétrospectif, l’absence de standardisation dans la prise en charge des cas et la subjectivité de l’évaluation du succès chirurgical.
Commentaires personnels:
- Il aurait été intéressant de connaitre la répartition des traitements choisis (fixation externe/interne) pour le traitement des fractures ouvertes
- Une extension de cette étude en incluant une dichotomie entre réduction ouverte ou mini-invasive pour le traitement par plaque serait pertinente.
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