Luxation patellaire
Déplacement médial ou latéral de la patella depuis sa position anatomique normale (logée dans la trochlée fémorale).
La luxation patellaire est une des affections ostéo-articulaires les plus communes chez le chien.
Rare chez le chat.
Terme anglo-saxon : patellar luxation.
Modifications musculosquelettiques favorisant une luxation patellaire :
– rotation du tibia autour de son axe longitudinal
– trochlée fémorale comblée ou faiblement creusée
– dysplasie des épiphyses fémorale et tibiale
– position anormale du muscle quadriceps
La transmission du caractère est polygénique.
Commune chez le chien, rare chez le chat.
Plus courante chez les chiens de petite taille.
Exemples de races prédisposées : Yorkshire terrier, caniches nains et toys, pékinois, loulou de Poméranie, Boston terrier.
Les signes cliniques sont précoces, généralement après l’âge de 4 mois.
Chez les femelles, le risque de luxation patellaire médiale est environ 1,5 fois plus élevé par rapport aux mâles.
– Chez le chiot : boiterie persistante avec suppression d’appui.
– Chez le jeune chien et chez l’adulte : boiterie intermittente avec suppression d’appui qui s’aggrave au cours du temps.
– Chez le chiens âgé : boiterie soudaine due à un traumatisme mineur ou boiterie causée par un phénomène arthrosique chronique associé.
Les signes cliniques dépendent du stade de la luxation, du phénomène arthrosique associé, de la chronicité de l’affection et de la présence d’autres affections concernant le genou (exemple : rupture de ligament croisé crânial).
Stade I :
– La patella peut être luxée manuellement.
– Quand la pression sur la patella est relâchée, elle revient en position physiologique normale.
Stade II :
– La patella peut être luxée manuellement ou elle peut se luxer spontanément lorsque le genou est fléchi.
– La patella reste luxée jusqu’à ce qu’elle soit remise en position normale manuellement ou lorsque le chien réalise une extension de l’articulation ou une rotation du tibia dans le sens contraire à la luxation.
Stade III :
– La patella demeure luxée la plupart du temps et peut être remise en position normale manuellement avec une extension du genou.
– Flexion et extension du genou entraînent une luxation de la patella.
Stade IV :
– La patella est luxée en permanence et ne peut pas être remise en position normale manuellement.
– Rotation possible du plateau tibial jusqu’à 90° dans le plan horizontal.
– Dépression de la trochlée fémorale faible ou absente.
– Déplacement du muscle quadriceps dans le sens de la luxation.
– Varus ou Valgus du genou.
La douleur est exprimée de façon variable.
Remarques :
– Par palpation, il est parfois possible d’apprécier la concavité de la trochlée fémorale.
– Plus de 75% des luxations diagnostiquées sont médiales.
– L’affection est bilatérale dans plus de la moitié des cas.
– Un varus de l’articulation de la hanche peut être associé à une luxation médiale de la patella (varus de l’articulation de la hanche : diminution de l’angle col fémoral-diaphyse fémorale).
– Un valgus de l’articulation de la hanche peut être associé à une luxation latérale de la patella (valgus de l’articulation de la hanche : augmentation de l’angle col fémoral-diaphyse fémorale).
– Antéversion de la tête et du col fémoraux (inclinaison crâniale de la tête fémorale et du col fémoral).
– Rupture du ligament croisé crânial. 15 à 20% des chiens présentant une luxation chronique de patella présentent aussi une rupture (partielle ou totale) du ligament croisé crânial. Dans ce cas, la rupture du ligament croisé crânial est à traiter en priorité.
– Une fracture de la crête tibiale peut causer une instabilité patellaire.
– Rupture du ligament patellaire (déplacement proximal de la patella).
– Une fracture anciennement traitée peut présenter un alignement incorrect causant une malposition du muscle quadriceps.
– Vue de face et de profil pour les luxations patellaires de stade III et IV. La radiographie doit inclure l’articulation de la hanche et celle du tarse afin d’apprécier la conformation générale du membre.
– Une radiographie skyline (tangentielle) de la trochlée fémorale permet d’apprécier sa concavité.
– Erosion du cartilage de la patella et de la trochlée fémorale
– Ostéophytes au niveau des insertions osseuses de la capsule articulaire
– Fibrose du côté de la luxation
– Synovite
– Fibrillation du cartilage articulaire
Les luxations patellaires de stade I et certaines luxations de stade II peuvent être traitées de manière conservative sans hospitalisation.
La plupart des luxations de stade II et presque toutes les luxations de stade III et IV doivent être traitées chirurgicalement.
Les anomalies de conformations osseuses (comblement de la trochlée fémorale, déviation de la crête tibiale) doivent être traitées chirurgicalement.
Le traitement chirurgical consiste à combiner différentes techniques. Le choix des techniques à associer est à adapter en fonction de chaque cas pathologique.
Sulcoplastie
Lors de comblement de la trochlée fémorale une trochléoplastie- arthroplastie peut être envisagée. Elle consiste à enlever un volet cartilagineux en forme de « V » en préservant le cartilage. Après creusement de la trochlée fémorale, cet élément est replacé. Cette méthode préserve donc le cartilage hyalin de la trochlée fémorale.
Transposition de la crête tibiale
Elle permet de réaligner l’axe longitudinal formé par le muscle quadriceps et ses insertions. Cet axe doit passer par la trochlée fémorale.
Une ostéotomie partielle de la crête tibiale est réalisée (la partie distale de la crête tibiale n’est pas sectionnée) et la crête tibiale est refixée à l’aide de deux broches en la déplaçant latéralement ou médialement (de façon opposée à la luxation). Un hauban peut éventuellement neutraliser les forces s’exerçant sur la crête tibiale. Si les broches sont insérées obliquement et disto-proximalement le hauban n’est pas nécessaire.
Imbrication de la capsule articulaire
Elle se réalise sur le côté opposé à la luxation. Elle complète le traitement.
Desmotomie
Une incision du rétinacle du côté opposé à la luxation peut être réalisée. La desmotomie permet de diminuer les forces de tensions qui ont entraîné la luxation.
Ostéotomies correctrices
Des ostéotomies correctrices peuvent être utilisées afin de rétablir l’axe longitudinal du membre pelvien.
Sutures antirotatoires
Ces sutures placées sur la patella s’opposent à la mobilité patellaire en créant une tension dans le sens opposé à la luxation.
– Anti-inflammatoires et analgésiques permettent de traiter symptomatiquement une douleur due au phénomène arthrosique.
– Contre-indications : les corticostéroïdes employés sur le long terme entraînent des lésions du cartilage articulaire.
– Les chondroprotecteurs, comme les glycoaminoglycanes polysulfatés, pourraient aider à limiter les lésions cartilagineuses et le phénomène arthrosique.
– Activité limitée pendant 4 semaines. Attention aux sauts.
– Reprise rapide de l’activité du membre concerné.
– Suivi du phénomène arthrosique.
– Contrôle pondéral, régime hypocalorique si besoin.
Les récidives sont fréquentes.
Les luxations patellaires récurrentes sont généralement d’un stade inférieur au stade initial (stade diagnostiqué avant l’intervention chirurgicale).
Plus de 90% des animaux traités chirurgicalement ne montrent plus de signes cliniques.
La quasi-totalité des animaux traités chirurgicalement montre des signes d’arthrose.
Informations à donner au propriétaire
– La luxation patellaire possède une composante héréditaire.
– Possibilité d’évolution arthrosique même après l’intervention chirurgicale.
– Risque élevé de luxation controlatérale et de rupture du ligament croisé crânial.
– Aggravation rapide des lésions arthrosiques sans traitement.