Fracture du calcanéum chez un chat traitée avec un clou et un pontage articulaire
CCVL – Centro de Cirurgia Veterinária de Loures
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Cas clinique
Un chat de trois ans est tombé et a été victime d’une fracture diaphysaire du calcanéum (Fig. 1). La prémédication a été effectuée à l’aide d’acépromazine et de tramadol par voie sous-cutanée. L’induction a été exécutée avec de la kétamine et du diazépam par voie intraveineuse, l’entretien de l’anesthésie avec de l’Isufluorane. Un bloc épidural a été exécuté avec un mélange de lidocaïne et bupivacaïne.
Nous avons effectué un abord modéré latérale du calcanéum en vue d’insérer une broche centromédullaire de 1,5 mm de diamètre par voir rétrograde. Elle a ensuite été insérée dans le corps du quatrième os tarsien pour augmenter l’ancrage et la résistance à la flexion et aux forces de traction (Fig. 2).
Un pontage articulaire tibio-tarsien temporaire a ensuite été réalisé avec un JAM dont les broches transfixantes avaient un diamètre de 1,2 mm. La broche calcanéenne a été solidarisée au montage en utilisant une barre d’union courbée (Fig. 3, 4, 5 et 6). L’utilisation du membre était satisfaisante pendant la durée de l’immobilisation (Vidéo). L’articulation tibio-tarsienne a été immobilisée dans une position légèrement plus ouverte que la position physiologique afin de minimiser les forces de traction au niveau du calcanéum tout en permettant la marche. Le cadre a été retiré 7 semaines après l’intervention chirurgicale (Fig. 7).
Discussion
Le calcanéum est un os soumis à des forces de flexion et de traction. Il s’articule avec l’astragale et avec le quatrième os du tarse. Il est le siège de plusieurs insertions ligamentaires et de tendons. Il donne lieu au passage du fléchisseur superficiel des doigts et aux tendons fléchisseurs latéraux des doigts.
La reconstruction idéale des fractures est anatomique afin de ne pas gêner les contraintes biomécaniques et le travail des différents tendons et ligaments. Les ligaments collatéraux et le ligament calcanéoquatre sont des stabilisants principaux qui pourraient être affectés en cas complications.
Il existe plusieurs méthodes pour traiter ce type de fracture. La plus courante dans la littérature est le hauban et la plaque latérale. Selon nous, le hauban est plus invasif et interfère biomécaniquement avec le travail des différents tendons. La pression exercée par le fil de cerclage pourrait les endommager, mais aussi dans le cas d’instabilité du cerclage, les endommager plus encore. Le fil doit être amené à passer entre l’os et le tendon du fléchisseur superficiel des doigts dans la partie plantaire de la diaphyse. Par contre, il est inévitable que cela provoque une irritation de ce tendon dans son passage au niveau du tubercule calcanéen. Le hauban ne fonctionne pas bien lorsque sur les fractures comminutives car il est alors difficile de transformer les forces de traction en forces de compression et donc de stabiliser correctement la fracture. Sur les fractures obliques, il est également probable que la mise en compression provoque un glissement des abouts fracturaires.
Le succès de la méthode de la plaque latérale dépend du nombre de vis (et de leur taille) qu’il est possible de mettre, ainsi que de l’anatomie individuelle. Il peut être indispensable d’utiliser une autre méthode additionnelle de blocage du mécanisme achiléen, spécialement dans les cas précités (fractures comminutives et obliques) ou quand le nombre de vis qu’il est possible d’implanter est insuffisant.
Notre expérience nous a montré que pour le chat, la méthode décrite permet une approche mini invasive avec de bons délais de guérison et une perturbation minimale de l’enveloppe de tissus mous. Le montage est très bien toléré par le chat et bloque efficacement les forces agissant sur cette région. Le matériel est facile à enlever une fois le traitement terminé et nous n’avons jamais constaté de conséquences préjudiciables de l’ immobilisation de cette articulation dans cette espèce pour la période décrite.
En outre, s’il apparaît une complication post-opératoire ou qu’une correction doit être apportée montage, elle peut encore être exécutée avec l’esprit mini invasif et est généralement plus facile que la révision d’une ostéosynthèse par plaque vissée ou par haubanage.
Bibliographie
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6) Radash R.-M. : Biomechanics Of Bone and Fractures. Vet Clin North America Small Animal Practice, 1999, 29:5. 1045- 1082.